samedi 24 novembre 2007

Sur un fil

Que dit le funambule en abordant son fil
ou qu'aimerait-il dire ou bien que pense-t-il
Il dit qu'il est fragile et que la terre est basse
il pense que son fil 'faudrait pas qu'il se casse
qu'il a peut-être peur ou bien peut-etre pas
que vous l'aimez peut-être vous qui êtes en-bas
mais il n'y pense pas car c'est une autre histoire
il n'a plus de visage il n'a plus de mémoire
mais il marche pourtant. Il marché lentement. Il ne veut pas penser qu'on le ferait tomber
pour rien. Pour voir. Sans méchanceté
ce n'est pas méchant de souffler
de s'amuser à balancer le fil de sa vie
le fil de sa vie.

Je suis le funambule et j'aborde mon fil
je le connais par coeur mais ce n'est pas facile
je suis toujours fragile et puis la terre est basse
je pense que mon fil, se pourrait bien qu'il casse
que j'ai peut-être peur ou bien peut-être pas
et puis que je vous aime vous qui êtes en bas
que vous m'aimez peut-être ou que je veux y croire
il me reste mon coeur et toute ma mémoire
mais je marche pourtant. Je marche lentement. Je ne veux pas penser qu'on me ferait tomber
pour rien. Pour voir. Sans méchanceté
ce n'est pas méchant de souffler, de s'amuser à balancer le fil de ma vie
le fil de ma vie

Anne Sylvestre

musique de la vie

Ce soir j'ai dormi, dormi...
et puis en me couchant j'ai écouté plein de musique au lit.

Feirouz, LA chanteuse libanaise. La chanson Nassam 3alayna al hawa en live, avec un public en transe.
et puis Dianne Reeves. Ça faisait longtemps que je n'avais plus entendu leurs voix et ça m'a beaucoup ému. Sur le coup de trois heures, je me suis levé pour fumer une cigarette. Avec Nine dans mon iPod. Et là, la nuit avait une saveur particulière, et j'ai pensé à tous les gens que je connais, que j'ai connus, en songeant à leur neuf ans. Cette chanson me remplit chaque fois d'une drôle de joie.

Et puis c'est le Géranium d'Anne Sylvestre qui me rappelle une quinzaine d'un été torride à Bruxelles.

Je ferais bien de dormir maintenant.

mardi 20 novembre 2007

Dessus / dessous


on,
quatre sous-entendus
ne valent pas une affirmation claire.



C'est dangereux les sous-entendus. Pour le locuteur, forcément, tout est clair. Il sait de quoi il parle et peut croire que son message est à peine déguisé.
L'auditeur, quant à lui, peut très bien ne rien remarquer et accueillir le message au premier degré le plus absolu. Ou bien, plus compliqué, l'univers propre de l'auditeur, son bagage subjectif, peut-il venir teinter le sous-entendu, et lui prêter un sens totalement différent de celui qu'y mettait le locuteur, voire antinomique.

C'est super banal comme constatation, non ?
Il fut un temps où, complexé par le manque de vivacité intellectuelle que je me supposais, l'idée d'un sous-entendu, l'idée même d'une interprétation subtile dans la communication me rendait dingue. J'en rejettais la responsabilité en bloc, et aussi loin de moi que je le pouvais. Je me disais des choses comme "Tant qu'on ne me l'a pas dit franchement, ça ne me concerne pas".
Notez, ça se tient comme attitude. C'est défendable. C'est cohérent.
Mais la réalité -- ma réalité -- est toute autre. Car en fait, je perçois pas mal de nuances, bon gré mal gré.

Ado, je rêvais d'un monde de glace et de silence. Un monde où tout soit clair, évident, et où la même évidence soit partagée par toutes les créatures.
Et puis on m'a appris que pour Dostoïevski, l'enfer n'était pas fait de flammes mais précisément de glace, de froid, d'immobilité (je n'ai pas vérifié cette info) et peu à peu, ma vision des choses a changé. Moins démissionnaire, sans doute, je suis entré dans la communication comme mes semblables, conscient que je n'étais pas plus singulier que les autres.

Et aujourd'hui, c'est donc ma propre subjectivité qui me pose problème en termes de communication.

Je pense que la poésie est le mode le plus complet de communication verbale, parce que son art peut rendre certains codes universels, ou préparer le lecteur ou l'auditeur à recevoir le message, parfois de plein fouet, dans sons sens, bien sûr, mais aussi dans sa sonorité, sa couleur, sa sensation.
Cela prouve que la subjectivité n'est pas uniquement un obstacle à la communication et peut être le contraire d'un obstacle.

Je crois que ce qui change la valeur de la subjectivité en termes de communication, c'est le rapport à soi et l'ouverture sur le monde.
Si on est trop centré sur soi, dans ses propres codes, si on les croit absolus, ce sera forcément un obstacle. Si on se dilue dans le monde, les codes risquent aussi d'ête dénaturés, vides de sens. C'est une question d'équilibre.

lundi 19 novembre 2007

epuis que je suis en France, il y a des gens à qui je n'ai pas écrit ou fait signe alors que c'était dans mes intentions dès le départ.
Entre autres, ma prof de tai chi chuan et les gens de la salle de sport que je fréquentais en Belgique.

Ma prof, elle savait que mon départ en France était en projet, mais je ne lui ai pas dit au revoir, ni aux autres "taijika" du groupe.
Les gens de la salle de sport, je n'ai pas vraiment de contact "personnel" avec eux, mais pourtant j'ai apprécié la qualité de leur accueil, tout ce qu'il m'ont appris au niveau du sport, et l'ambiance, le cadre qu'ils créent et offrent à ceux qui fréquentent leur salle.
Depuis deux mois, je fais du sport presque tous les jours à la maison. C'est agréable, j'ai mon cadre à moi, mon rythme, des programmes télé, mon café, mon eau . . .
Mais je pense souvent à cette salle de sport. Etre avec les autres, un parmi les autres.

Je vais peut-être leur envoyer une carte postale, comme je le voulais !

* * *

J'avais déjà entendu la chanson d'Elodie Frégé intitulée "la ceinture". Et bon, je n'avais pas du tout accroché. Et puis, allez savoir pourquoi, hier je l'entends à la radio et je flashe. Je l'adore. Je l'écoute en boucle.
Pourtant, il y a une phrase que je ne peux m'empêcher de modifier mentalement à chaque écoute. elle chante : "Non, pas sur la bouche, je sais, je touche le fond du lac - Le temps des cerises est mort, le diable est dans le corps" et moi je veux que ce soit "le diable est dans le port". Pour moi ca veut dire la même chose, par le biais d'une image qui me convient.



Non, pas sur la bouche
même si c'est louche
puisque ma langue
a le goût de ta vertu
de ton honneur perdu

Non pas sur les lèvres
même si j'en rêve
même si je tremble
et bien que mon coeur soit nu
mon âme est revêtue
de pudeur et d'impudence
sans te faire offense
mieux ne vaut pas tenter sa chance
rien ne dure
au-dessus de la ceinture

Non pas sur la bouche
même sous la douche
même si c 'est dur
je te mordrai c'est promis
Tous les coups sont permis
Non pas sur les lèvres
même pas en rêve
à sang pour sûr
ou tu mangeras ton pain gris
mon coeur est endurci
Ne tire pas sur l'ambulance
garde la potence
Plus rien n'a plus d'importance
rien ne dure
au-dessus de la ceinture

Non pas sur la bouche
je sais je touche
le fond du lac
Le temps des cerises est mort
Le diable est dans le corps
Non pas sur les lèvres
Non c'est pas mièvre
C'est pas le trac
mais je préfère me donner crue
sans revers ni refus
Rendons-nous à l'évidence
tout est cuit d'avance
Mieux ne vaut pas tenter sa chance
Rien ne dure
au-dessus de la ceinture

Non pas sur la bouche
Je sais c'est louche
puisque ma peau
a l'odeur de ton odeur
au-dehors il fait chaud

Non, pas sur les lèvres
Jamais de trêve
Et pas d'assauts
Le bonheur est dans la pente
Entre le sol et le ventre

Entre l'oubli et l'oubli
Bel oiseau du paradis
Joue plutôt "jeux interdits"
Rien ne dure
Au dessus de la ceinture.


Mince alors, c'est encore une chanson de Benjamen Biolay.

mercredi 7 novembre 2007

Anne Sylvestre

Quand elle lui disait je t'aime
il prenait un air surpris
C'était l'évidence même
A quoi bon l'eut-elle dit
Quand elle insistait "regarde
Suis-je vraiment à ton goût ?"
A son expression hagarde
on l'aurait pris pour un fou
Et quand elle le secouait
Il lâchait d'un air distrait

Flou, je te vois flou
Je vois comme un brouillard partout
autour de tes yeux, de tes joues
et ton corps qui est en-dessous je ne le vois plus du tout
Flou, je te vois flou
Tu peux bien te pendre à mon cou
tu peux m'arracher des mots doux
Tu peux grimper sur mes genoux, je te vois flou


Elle lui disait "Ca m'inquiète,
tu me voyais bien pourtant
Il te faudrait des lunettes
Tu pourrais de temps en temps
me dire que je suis belle"
Mais ses yeux étaient restés
tout au fond de ses jumelles
où il était enlisé
Car en face il regardait
une autre qui s'en doutait

Flou, tu me vois flou
Et moi qui t'aime et qui l'avoue
je ris, je pleure, tu t'en fous
mais de la fille qui se joue
tu connais tout, tout, tout
Flou, tu me vois flou
Je peux me tatouer partout
je peux me teindre en acajou
je peux te faire un charme fou
tu me vous flou

Un jour pour que ça lui passe
elle partit s'installer
À la fenêtre d'en face
où il la vit s'exposer
mais sans plus la reconnaître
alors il la découvrit
cramponné à sa fenêtre
il la guettait jour et nuit
mais c'est elle qui pensa
en m'apercevant là-bas

Flou
je te vois flou
et moi qui croyais bien que nous vivions un amour à genou
tu es un homme comme tous ceux que je vois partout
flou, je te vois flou
y a quelque chose là-dessous
qui me chagrine un peu beaucoup
Où est passé mon amour fou
je le vois flou
Flou
On se voit flou
mais pourquoi se rouer de coups
pourquoi hurler comme des loups
si tu dis que ces jeux de fous ne changent rien pour nous
Flou
on se verra flou
et quand je ferai les yeux doux
toi tune seras pas jaloux
on pourra vivre tranquillou un amour flou, flou, flou
Flou, et voilà tout.




Je suis le centre du motif
Chaque fil est une tendresse
Chaque fil avec moi se tresse
me prend ce que j'ai de plus vif

Je suis le centre du motif
je suis le centre de la toile
En quelque lieu vient une étoile
en d'autre c'est un coup de griffe

Je suis le centre du motif
vous en ferez une dentelle
à condition que je sois telle
que vos rêves les plus hâtifs

Je suis le centre du motif
vous en ferez une rosace
Si je reste bien à ma place
et sans un abandon furtif

Je suis le centre du motif
je suis l'araignée prise au piège
l'âne qui tourne le manège
je suis l'égoïsme tardif

Je suis le centre du motif
maille si je me détricote
si je m'altère fausse note
si mon cœur est inattentif

Le tissage s'éraillera
se défera la belle ouvrage
peut-être alors serai-je sage
peut-être alors serai-je moi



Après que soit passée la fête
après dix années révolues
François dit à Mariette
Je crois que tu ne m'aimes plus
Je n'entends plus sonner ton rire
Tu ne m'attends plus comme avant
Tu n'as plus grand chose à me dire
Tu lis chaque soir trop longtemps

Sûr que ce n'est pas la fête, Mariette, Mariette
Sûr que ce n'est pas la fête,
la vie avec moi
Crois-tu donc qu'il soit facile
Ne fais pas l'imbécile
Crois-tu donc qu'il soit facile, François
D'avoir Mariette chez soi

Depuis longtemps, dis, Mariette
Longtemps tu ne m'as regardé
Dix ans après notre cueillette
tu t'endors de l'autre côté
Fatigué par les escarmouches
J'ai préféré ne plus lutter
Et si je n'ouvre pas la bouche
C'est pour te laisser ta fierté

Sûr que ce n'est pas la fête, Mariette, Mariette
Sûr que ce n'est pas la fête,
la vie avec moi
Crois-tu donc qu'il soit facile
Ne fais pas l'imbécile
Crois-tu donc qu'il soit facile, François
D'avoir Mariette chez soi

Mais je t'ai donné, Mariette
Toute la force de mes bras
J'ai travaillé comme une bête
Mariette, c'était pour toi
Le françois que je me rappelle
N'était pas ce tâcheron-là
Il avait des mains d'hirondelle
Il savait me parler tout bas

Sûr que ce n'est pas la fête, Mariette, Mariette
Sûr que ce n'est pas la fête,
la vie avec moi
Crois-tu donc qu'il soit facile
Ne fais pas l'imbécile
Crois-tu donc qu'il soit facile, François
D'avoir Mariette chez soi

Mariette dans ma mémoire
avait des réveils lumineux
Son rire au soleil venait boire
le vent dansait dans ses cheveux
Jour après jour la vie nous use
Nous pousse chacun d'un côté
François, déjà ça ne m'amuse
plus beaucoup de me réveiller

Sûr que ce n'est pas la fête, Mariette, Mariette
Sûr que ce n'est pas la fête,
la vie avec moi
Crois-tu donc qu'il soit facile
Ne fais pas l'imbécile
Crois-tu donc qu'il soit facile, François
D'avoir Mariette chez soi

Il vient tant de gens par la porte
se réchauffer à vote feu
Ce n'est pas que la flamme soit morte
C'est qu'ils en ont laissé bien peu
Il vient tant de gens qui vous blessent
et qui vous mangent votre temps
Que s'effiloche la tendresse
que s'indiffèrent les amants

Sûr que ce n'est pas la fête, Mariette, Mariette
Sûr que ce n'est pas la fête,
la vie avec moi
Crois-tu donc qu'il soit facile
Ne fais pas l'imbécile
Crois-tu donc qu'il soit facile, François
D'avoir Mariette chez soi

Regarde-moi, j'ai les yeux tendres
Je m'appelle Mariette, et toi?
Moi, je n'en pouvais plus d'attendre
Je m'appelle toujours François
Nous fermerons un peu la porte
Nous mettrons du bois sur le feu
et si la flamme n'est pas morte
'fera bien assez chaud pour deux

Même si ce n'est pas la fête, Mariette, Mariette
Même si ce n'est pas la fête
La vie avec moi
Même si ce n'est pas facile
Ne fais pas l'imbécile
Même si ce n'est pas facile, François
d'avoir Mariette chez soi
d'être Mariette et François




Trois extraordinaires chansons d'Anne Sylvestre que j'ai redécouvertes cette nuit.