mardi 20 novembre 2007

Dessus / dessous


on,
quatre sous-entendus
ne valent pas une affirmation claire.



C'est dangereux les sous-entendus. Pour le locuteur, forcément, tout est clair. Il sait de quoi il parle et peut croire que son message est à peine déguisé.
L'auditeur, quant à lui, peut très bien ne rien remarquer et accueillir le message au premier degré le plus absolu. Ou bien, plus compliqué, l'univers propre de l'auditeur, son bagage subjectif, peut-il venir teinter le sous-entendu, et lui prêter un sens totalement différent de celui qu'y mettait le locuteur, voire antinomique.

C'est super banal comme constatation, non ?
Il fut un temps où, complexé par le manque de vivacité intellectuelle que je me supposais, l'idée d'un sous-entendu, l'idée même d'une interprétation subtile dans la communication me rendait dingue. J'en rejettais la responsabilité en bloc, et aussi loin de moi que je le pouvais. Je me disais des choses comme "Tant qu'on ne me l'a pas dit franchement, ça ne me concerne pas".
Notez, ça se tient comme attitude. C'est défendable. C'est cohérent.
Mais la réalité -- ma réalité -- est toute autre. Car en fait, je perçois pas mal de nuances, bon gré mal gré.

Ado, je rêvais d'un monde de glace et de silence. Un monde où tout soit clair, évident, et où la même évidence soit partagée par toutes les créatures.
Et puis on m'a appris que pour Dostoïevski, l'enfer n'était pas fait de flammes mais précisément de glace, de froid, d'immobilité (je n'ai pas vérifié cette info) et peu à peu, ma vision des choses a changé. Moins démissionnaire, sans doute, je suis entré dans la communication comme mes semblables, conscient que je n'étais pas plus singulier que les autres.

Et aujourd'hui, c'est donc ma propre subjectivité qui me pose problème en termes de communication.

Je pense que la poésie est le mode le plus complet de communication verbale, parce que son art peut rendre certains codes universels, ou préparer le lecteur ou l'auditeur à recevoir le message, parfois de plein fouet, dans sons sens, bien sûr, mais aussi dans sa sonorité, sa couleur, sa sensation.
Cela prouve que la subjectivité n'est pas uniquement un obstacle à la communication et peut être le contraire d'un obstacle.

Je crois que ce qui change la valeur de la subjectivité en termes de communication, c'est le rapport à soi et l'ouverture sur le monde.
Si on est trop centré sur soi, dans ses propres codes, si on les croit absolus, ce sera forcément un obstacle. Si on se dilue dans le monde, les codes risquent aussi d'ête dénaturés, vides de sens. C'est une question d'équilibre.

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